Julie Charpentier

Julie Charpentier

Sculptrice, taxidermiste

Mes origines et mon apprentissage

Je suis née à Paris le 22 janvier 1770, fille de Julie Savonet et de François-Philippe Charpentier, tous deux originaires de Blois.
Mon père graveur invente un procédé de gravure mécanique, à l'aide duquel on peut reproduire exactement les croquis des grands maîtres, ce qui lui vaut le titre de mécanicien du roi et d'être logé au palais du Louvre. Nous déménagerons ensuite aux Gobelins quand les appartements du Louvre fermeront.
Je fréquente donc des artistes dès mon plus jeune âge et si mon père me donne certainement des cours de dessin, je m'amuse à modeler avec de l'argile. Plus tard, je suis les cours du sculpteur Augustin Pajou, mais je suis surtout autodidacte, étudiant deux grands maîtres, l'Antique et la Nature. Je deviens ainsi une des premières femmes sculptrices, art difficile d'accès pour les femmes à cette époque.

Mes réalisations

Je commence à exposer à l'âge de 17 ans au Salon de la Correspondance avec un buste de ma sœur en Vierge et un bas-relief en bronze représentant le duc d'Orléans.
J'exécute de nombreux bustes, soit en terre cuite, Saint-Pierre, Théroigne de Méricourt... soit en plâtre, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, Georges Cuvier, M. de Corbigny... soit en marbre, le colonel Morland, Pierre Lescot, Le comte Ordener, Gérard Audran, le Dominiquin, Joseph-Marie Vien, Clémence Isaure...
Je réalise aussi des médaillons, des statuettes et des portraits.

Ce sont 41 de mes œuvres qui sont acceptées et exposées au Salon entre 1787 et 1824. J'ai donc une certaine notoriété et de bonnes critiques «Grand nombre de raisons s'opposent à ce que la sculpture soit souvent pratiquée par des femmes. Les ouvrages de mademoiselle Julie Charpentier n'en méritent que plus d'attirer l'attention. Son plâtre représentant le Roi de Rome offre ces délicatesses qui caractérisent l'enfance, et que de très grands artistes n'ont toujours pas saisies » (René-Jean Durdent, Galeries des peintres français du Salon de 1812..., 1813).

Je reçois aussi des commandes, notamment de la ville de Blois, du musée Napoléon, du ministre de l'Intérieur.
Je collabore à la décoration de la colonne de la Grande-Armée, place Vendôme à Paris, en réalisant quatre fragments de bas-reliefs, sur un total de 266. Je suis la seule femme parmi de nombreux hommes à participer à ce projet. J'ai aussi sculpté deux bas-reliefs pour une fontaine qui devait être érigée sur la place de la Bastille mais qui ne verra finalement pas le jour.

Malgré tout, mes revenus dus à la sculpture sont insuffisants et je dois les compléter. Je demande alors, dans une lettre du 26 juin 1801, du travail au Muséum d'histoire naturelle que j'ai l'habitude de fréquenter « Si l'Administration du Muséum d'histoire naturelle vouloit me donner de l'occupation, je demanderais à monter un Quadrupède, et que cet animal fut ensuite examiné par les professeurs de zoologie, ou par telle autre personne qu'il plairait à l'Administration de nommer à cet effet pour lui faire un rapport ».

Au Muséum d'histoire naturelle

Je travaille comme préparateur en zoologie et taxidermiste, tout d'abord aux pièces. Je réalise des modelages et des moulages de mammifères et d'oiseaux. J'ai notamment empaillé la panthère du Jardin des plantes. Malgré la reconnaissance de mon habileté, je dois attendre 1826 pour obtenir un salaire fixe mais qui reste très modeste.
Cette même année, je dois quitter mon logement délabré des Gobelins.
J'ai toutefois continué la sculpture jusqu'en 1824.

En 1830, en grande difficulté financière, l'Administration du Muséum me loge au premier étage d'un de ses bâtiments.

Pauvre, infirme et déjà oubliée, je quitte mon logement rue de Lourcine pour entrer à l'hospice de la Salpêtrière le 3 octobre 1843. J'y meurs le 23 février 1845.

Mes œuvres

Beaucoup de mes œuvres ne sont pas localisées.

Salon de la Correspondance de 1787
Buste de ma sœur Adélaïde, en Vierge.
Bas-relief en bronze représentant Mgr. le duc d’Orléans.

1790
Buste d’homme. Plâtre avec une patine de bronze. Blois, musée municipal.
Autoportrait. Plâtre avec une patine de bronze. Blois, musée municipal.

1793
Saint-Pierre. Terre cuite, grand comme nature. Exposé au Salon sous le n°114.
Une Pêcheuse. Modèle en terre cuite. Exposé au Salon sous le n°115. 
Quatre Bustes. Portraits en terre cuite, grands comme nature, dont un me représente. Exposés au Salon sous le n°116.
Deux petits Médaillons. Pierre de Tonnerre. Exposé au Salon sous le n°117.
Saint-Fargeau. Petit modèle allégorique en terre cuite. Exposé au Salon sous le n°118.
Une Figure jouante à l’émigrant. Esquisse en terre cuite. Exposé au Salon sous le n°119.

1796
Deux portraits en bustes du citoyen et de la citoyenne Dessoles, artistes du théâtre de la rue Feydeau. Exposé au Salon sous le n°608.

1799
Buste de Théroigne de Méricourt.Terre cuite. Versailles, musée Lambinet.

1800
Portrait de C. François Montgolfier. Terre cuite. Exposé au Salon sous le n°407.
Petit médaillon ovale. Pierre de Tonnerre. Exposé au Salon sous le n°408.
Buste en plâtre de Mme Scio. Exposé au Salon sous le n°409.

1802
Buste en plâtre avec platine de bronze d’un Naturaliste arrivant d’Égypte. (Étienne Geoffroy Saint-Hilaire). Exposé au Salon sous le n°408. Paris, Muséum d’Histoire naturelle.
Modèle d’une Panthère.
Tête de Crocodile fossile.

1804
Buste en plâtre d’un membre de l’institut national (peut-être le buste de Georges Cuvier). Exposé au Salon sous le n°614. Paris, Muséum d’Histoire naturelle.
Buste en plâtre de M. Marcel, directeur de l’imprimerie impériale. Exposé au Salon sous le n°615.

1806
Buste en plâtre du colonel Morland, tué à la bataille d’Austerlitz. Exposé au salon sous le n°571. Versailles, musée national du château.
Buste en plâtre de M. Corbigny, préfet du Loir et Cher. Exposé au Salon sous le n°572.
Un bas-relief en marbre représentant la ville de Blois, avec ses attributs. Exposé au Salon sous le n°573. Blois, Jardin Augustin-Thierry.
Statuette en plâtre de M. de Corbigny. Blois, musée municipal.

1806-1810
Quatre bas-reliefs pour la Colonne de la Grande-Armée (aujourd’hui nommée colonne d’Austerlitz). Paris, place Vendôme.

1808
Buste en marbre du colonel Morland. Exposé au Salon sous le n°650.
Buste en plâtre d’une dame tenant un papier dans ses mains. Exposé au Salon sous le n°651. Bourges, musée municipal.

1810
Un génie cherchant à prendre l’essor. Exposé au Salon sous le n°933.

1812
Le Roi de Rome. Plâtre. Exposé au Salon sous le n°1029.
Buste en plâtre de Pierre Lescot, célèbre architecte qui vivait sous François Ier. Exposé au Salon sous le n°1030.
Buste d’homme. Exposé au Salon sous le n°1031.
Buste de mon père. Exposé au Salon sous la n°1032.

1814
Buste en marbre de Pierre Lescot. Exposé au Salon sous le n°1027. Versailles, musée national du château.
Buste en marbre du général comte Ordener. Exposé au Salon sous le n°1028.

1817
Buste en marbre de Gérard Audran, célèbre graveur. Exposé au Salon sous le n°803. Lyon, musée des Beaux-Arts.
Portrait d’homme. Buste en plâtre fait à partir d’un masque mortuaire. Exposé au Salon sous le n°804.

1818
Buste en marbre du Dominiquin. Exposé au Salon de 1819 sous le n°1229. Paris, musée du Louvre.

1819
Joseph-Marie Vien, célèbre peintre français. Plâtre. Béziers, musée des Beaux-Arts.
Buste en marbre de M. Vien. Exposé au Salon sous le n°1230. Lyon, musée des Beaux-Arts.
La Chirurgie, représentée par le centaure Chiron. Bas-relief commandé en novembre 1816 pour une fontaine prévue Place de la Bastille, mais jamais érigée. Exposé au Salon sous le n°1231.

1822
Buste en marbre de Clémence Isaure, restauratrice des jeux floraux à Toulouse. Exposé au Salon sous le n°1377. Toulouse, musée des Augustins.

1823
Buste en plâtre de Nicolas Sanson, célèbre géographe. Musée d’Abbeville.

1824
Buste en marbre de Nicolas Sanson. Exposé au Salon de 1824 sous le n°1790.

1821-1824
La Géographie, bas-relief pour la fontaine de la Bastille. Exposé au Salon de 1824 sous le n°1789.