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Je publie plusieurs recueils de poèmes salués pour leur style lyrique et leur sensibilité romantique
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Je reçois le prix Fémina en 1904 pour mon poème sur Georges Sand
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Durant de nombreuses années je suis l'amie et secrétaire de Colette
Quand la revue, dans son numéro du 15 juillet, proclame Hélène Picard lauréate pour 1904, le succès prend immédiatement effet : ses 28 quatrains sont mis à l’honneur aux fêtes du centenaire de George Sand, déclamés par une comédienne en vue, Mme Baretta-Worms.
Ô perroquets si lourds d'un si léger plumage,
J'aime à vous voir régner sur le trafic des ports,
Dans ces limpides bars couleur du paysage
Où l'on tache de gin les nobles passeports...Extrait du recueil Pour un mauvais garçon, 1927
Mon adolescence se passa dans l'enchantement de lire les grands poètes, Musset, surtout, que j'adorai, que je chéris toujours plus qu'aucun autre.
Citée dans Les muses françaises ; anthologie des femmes-poètes, 1909
Alphonse Séché, écrivain, poète, journaliste et directeur de théâtre français.
Quoique extrêmement amoureuse de la nature, j'ai pour idéal littéraire d'exprimer les grands sentiments qui font battre le cœur humain. Je raconte librement, franchement, hardiment, mon cœur, tel qu'il est, tel qu'il sursaute, tel qu'il espère, tel qu'il souffre, désirant ardemment que les hommes retrouvent le leur dans l'expression sincère et vivante du mien.
Je crois que l'art doit être sans pudeur, c'est-à-dire sans réticences, sans timidité, qu'il ne doit pas sacrifier à une opinion, à une mesquine formule sociale. L'art doit être absolument selon le cœur.Citée dans Les muses françaises ; anthologie des femmes-poètes, 1909
Alphonse Séché, écrivain, poète, journaliste et directeur de théâtre français.
La feuille morte... est signé d'un nom inconnu, Hélène Picard. Je n'ai pas caché les défauts de ce poète singulier et attrayant. Ils sont considérables. Mais quand Mme Hélène Picard aura appris la sobriété et la prosodie, il se pourrait bien que ce fût un grand poète qui fut né ; car pour ce qui est du don, il est là.
Émile Faguet, écrivain et critique littéraire.
Journal des débats politiques et littéraires, 7 septembre 1903.
Malgré une verbosité souvent regrettable et quelque témérité de symbole, cette exagération même de lyrisme devient souvent admirable parce qu'un souffle de génie emporte les mots. Il me semble, en effet, qu'il y a plus que du talent chez Mme Hélène Picard. Elle n'a pas l'envergure, certainement, d'un Lamartine ou d'un Hugo, ni la fantaisie ni la variété de Musset, mais dans l'élégie amoureuse, dans le cri de la passion, elle n'est pas loin d'égaler ce dernier. Si elle savait se restreindre un peu, être plus sévère pour sa forme et écarter certaines préciosités, elle serait incomparable. Après tout, je crois bien que Mme Hélène Picard est le plus grand poète que ces dix dernières années nous aient révélé.
Alphonse Séché, écrivain, poète, journaliste et directeur de théâtre français
Les muses françaises ; anthologie des femmes-poètes, 1909
L'œuvre d'Hélène Picard est certes vivante, lourde de sensations, de désirs, mais sa plus grande qualité, c'est d'être dépouillée de tout art. Plus qu'en toute autre œuvre féminine, c'est ici de la vie immédiate, où se bousculent les sensations vraies et les suggestions livresques... Il y a certes, dans l'œuvre poétique d'Hélène Picard, une grande richesse de vie, de véritables trouvailles d'images : c'est tout un monde de rêves, sages et fous ; mais quelques-unes de ses poésies vivront, parce qu'elle y a mis toute la tiédeur et tout le parfum de son corps de femme, et l'élan harmonieux de son désir de l'homme. Elle a encore agrandi son désir de tous les désirs des grands poètes, et grossi sa propre ardeur de tous les apports des littératures.
Jean de Gourmont, écrivain
Muses d'aujourd'hui, 1910
Le dernier recueil qu'Hélène Picard publia, elle l'intitule Pour un mauvais garçon. Les soixante-dix poèmes qui forment le volume se comportent comme des rébus voluptueux. Leur éclat, leur richesse plastique, autant que leurs ténèbres dorées, semblent voiler un nom, masquer un personnage...Le volume tout entier, imprégné de mystère, semble soumis à l'envoûtement, éclairé par la seconde vue, jeté, comme une fleur assez maléfique, à un visage de chair, jeune et maudit... Je n'écris pas ces lignes en vue d'analyser l’œuvre d'un poète qui s'égale aux plus grands, et qui se montre à chaque moment admirable. J'aimerais ranimer autour de son nom le mouvement d'attention, la mémoire, la juste déférence.
Colette, écrivaine. Pour Hélène Picard
Revue de Paris, mai 1945