Les sculptrices sont encore plus méconnues que leurs consœurs peintres. En France, nous avons connaissance au 16ème siècle de Jacquette de Mombron qui aurait assuré la décoration sculptée de son château de Bourdeilles.
L'Académie Royale de peinture et sculpture fondée en 1648 admet une première femme en 1680, Dorothée Masse, sculptrice sur bois. Académie qui sera fermée sous la Révolution, et lorsque qu'en 1793 est fondée la Société Populaire et Républicaine des Arts, les femmes en sont exclues. Exclusion dont se lamente, non sans humour, Marie Bashkirtseff, peintre et sculptrice d'origine ukrainienne : « Je n'étonnerai personne en disant que les femmes sont exclues de l’École des beaux-arts, comme elles le sont de presque partout... Les femmes ne sont pas admises à concourir au prix de Rome. Il ne leur est même pas permis de prouver leur incapacité » Journal La Citoyenne, 20 novembre 1880).
Si le 19ème siècle voit apparaître des femmes aristocrates se dédier à la sculpture, seule Félicie de Fauveau vit de son travail. Mais la seule artiste à avoir été reconnue, honorée, célébrée est Rosa Bonheur, avec notamment une médaille d'or à l'Exposition universelle de 1855.
L'accès à l'enseignement d’État leur étant refusé, les jeunes filles désireuses de peindre ou de sculpter fréquentent des écoles ou des ateliers privés mais qui coûtent chers.
En 1879, Hélène Bertaux ouvre des cours de sculpture pour femmes et déclare : « Le temps n'est pas loin, je l'espère, où nous aurons notre École des beaux-arts presque semblable à celle des hommes, et nous offrant, avec les mêmes protections, les mêmes chances de distinction ». En 1881, elle fonde l'Union des femmes peintres et sculptrices qui organise chaque année une exposition des oeuvres de ses membres. En 1889, ce sont 654 peintres et 37 sculptrices exposées.
Comme pour les autres disciplines, et peut-être plus encore, les femmes qui veulent sculpter rencontrent d'énormes difficultés. Il faut attendre 1900 pour voir la création d'ateliers réservés aux femmes identiques à ceux des hommes, 1903 pour qu'elles puissent concourir au prix de Rome, pourtant créé en 1663, et 1911 pour voir Lucienne Heuvelmans, la première femme à en obtenir la distinction en sculpture.
Malgré leur quasi-invisibilité dans l'histoire de l'art, les femmes réalisèrent de nombreuses sculptures pour l'espace public, bas reliefs, nus allégoriques, statues équestres, monuments aux morts. Maria Lamers de Vits dans son livre Les femmes sculpteurs, graveurs et leurs œuvres (1905) en recense 71, créées par 19 sculptrices (27 à Paris, 1 à Londres, les autres principalement en France). Finalement ce serait plus de 200 sculptures de presque cent sculptrices qui ont trouvé leur place dans l'espace public à Paris.