Les femmes exploratrices ou grandes aventurières

On parle souvent des premiers explorateurs mais rarement des premières exploratrices...

Jusqu'au 20ème siècle, les femmes sont considérées comme mineures, et ne peuvent prétendre à décider de leurs vies par elle-mêmes et pour elle-mêmes. Elles ne peuvent signer de contrat, vendre un bien... et donc ni voyager sans le consentement de leurs pères, époux ou fils. Malgré tout, certaines ont bravé les interdits, par désir de liberté, par refus de l'ordre établi, par volonté de se réaliser, ou encore fuyant pour sauver leurs vies, s'évadant d'un couvent, et sont ainsi devenues voyageuses, exploratrices, grandes aventurières.

Elles sont peu nombreuses avant 1850 à avoir laissé des traces. Elles se déguisent en homme, devenant ainsi de faux soldats, de faux marins, de faux cow-boys. La première française connue est Jeanne Barret qui entreprend un tour du monde en bateau, de 1767 à 1768, se faisant passer pour le valet de Philibert Commerson, botaniste engagé dans l'expédition de Bougainville, à une époque où les femmes sont interdites sur les navires de la marine française : « Par ordre du Roi, la présence de toute femme sur un bateau de Sa Majesté est interdite, sauf pour une courte visite ; un mois de suspension sera requis contre l’officier qui contreviendrait à cet ordre et quinze jours de fer pour un membre de l’équipage qui, lui-même, n’y souscrirait point ».

Les femmes voyageuses de toutes les époques ont souvent dû braver bien des interdits et conventions pour pouvoir vivre leur passion.

Elles ont parcouru tous les continents, avec leur maris, leurs compagnes, ou en solitaire, gravissant des sommets, s'enfonçant dans la brousse ou la forêt amazonienne, recueillant des plantes, collectant des spécimens de poissons, d'insectes ou peignant des fleurs, chassant le papillon, réalisant des fouilles archéologiques, découvrant de nouvelles contrées et de nouveaux peuples... ou bien elles ont été combattantes, espionnes, infirmières, anthropologues, journalistes, ou encore militante féministe telle May Sheldon qui part à la découverte du Kilimandjaro en 1891 pour prouver que le mot « explorateur » se décline au féminin. Elles ont voyagé en bateau, en radeau, à pied, à cheval, à dos de chameau, à bicyclette, déguisée en homme ou transportant leur garde-robes.

Certaines ont dessiné, écrit, photographié, filmé, relaté leurs aventures, d'autres n'en sont pas revenues.

Quelque soient les raisons qui les poussent à voyager, elles ont des points communs : elles sont curieuses, passionnées, défricheuses, libres.

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