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Ma première production littéraire est une lettre publiée dans le Journal de Paris pour défendre le roman Delphine de Madame de Staël
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Je publie de nombreux romans, dont des romans historiques, et j'écris des pièces de théâtre avec beaucoup de succès
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Musicienne, joueuse de piano et de harpe, je compose des romances, paroles et musique
Vous avez fait un roman, ma chère fille ; on l'imprime, on le vante déjà, il paraîtra dans huit jours ; et vous m'apprenez tout cela sans frémir ! vous êtes donc bien changée depuis votre mariage ? Vous que j'ai vue si effrayée à la seule idée d'une femme qui s'exposerait au jugement du public !... Dans le siècle de Louis XIV, le public fier d'applaudir aux chefs-d’œuvres des Corneille, des Racine, et de tant d'autres, permettait à une Mme de Lafayette d'écrire de jolis romans, comme on permet à un enfant de faire sa partie dans un concert exécuté par les plus grands artistes, à condition qu'il jouera dolce piano ; car le talent des femmes ne passe qu 'à l'ombre du génie des hommes. De même encore sous le règne de Louis XV, Mme de Tancin, de Grafigni, Riccoboni, etc, toutes célèbres qu'elles sont, ont dû leur tranquillité à ces poètes, à ces philosophes tant décriés, un Voltaire, un Crébillon, un Fontenelle, deux Rousseau, un Montesquieu, un Dalembert, un Helvétius..., qui avaient mérité l'honneur de fixer sur eux toutes les admirations, et par conséquent toutes les haines. Les femmes de lettres du temps passé pouvaient rencontrer des envieuses, mais il était réservé à celle de nos jours d'avoir des envieux.
Lettre d'une mère à sa fille, publiée pour défendre le roman Delphine de Madame de Staël
Journal de paris, 23 janvier 1803
Ah ! Vous faites des comédies à Bade, on vous joue demain à Strasbourg, et tout cela pendant qu'on me répète à la Comédie-Française pour me jouer peut-être dans un siècle ! Vous choisissez mieux que moi le théâtre de vos succès.
Lettre à Jean-Jacques Coulmann, homme politique et homme de lettres, 14 octobre 1821
Je profite des délais de la Comédie pour rester dans mes champs ; ils sont tristes et moi aussi. Nous nous convenons très bien, et c'est avec un véritable regret que je les quitterai la semaine prochaine pour reprendre le cours de mes répétitions.
Lettre à Jean-Jacques Coulmann, homme politique et homme de lettres, 7 novembre 1821
Il est cruel de vous dire que la disposition mélancolique où vous êtes, nous fera trouver un charme de plus dans votre société ; car c'est aux amis dont le cœur est inquiet que nous sommes vraiment bonnes à quelque chose. Les heureux dédaignent la vie simple, les franches affections ; mais quand l'âme est craintive, elle aime à se confier, surtout à être comprise ; c'est en l'écoutant qu'on la distrait, et vous pourrez laisser causer la vôtre avec nous sans la moindre contrainte.
Lettre à Jean-Jacques Coulmann, homme politique et homme de lettres, 19 août 1822
En fait d'aventures romanesques, j'ai rarement vu l'imagination la plus féconde surpasser et même égaler l'intérêt dramatique des situations qui se renouvellent sans cesse dans la vie. Les révolutions, les guerres qui ont agité le monde depuis trente ans, nous ont souvent rendus acteurs ou témoins de scènes que le génie le plus audacieux n'aurait osé concevoir... Le culte de la raison n'exclut point les plaisirs de l'esprit, et les hommes qui font les grands événements d'un siècle doivent lire, il me semble, avec intérêt, les aventures et les moindres faits qui s'y rattachent. C'est dans cette confiance que j'ose publier ce nouvel ouvrage.
Théobald. Tome 1, épisode de la guerre de Russie, 1828
Un critique qui est, comme nous le sommes, à son poste de chaque semaine, ne saurait laisser passer, sans les saluer, les pertes les plus remarquables que font la littérature et la société. Madame Sophie Gay, morte à Paris le 5 mars dernier (1852), a été une personne de trop d'esprit et trop distinguée dans les Lettres pour être ensevelie en silence. Elle a beaucoup écrit, et, en ce moment, je n'ai guère moins d'une quarantaine de volumes d'elle rangés sur ma table, romans, contes, comédies, esquisses de société, souvenirs de salons ; et tout cela se fait lire, quelquefois avec un vif intérêt, toujours sans ennui.
Charles-Augustin Sainte-Beuve, écrivain, critique littéraire
Causeries du lundi (1851-1862)
Elle s'était de tout temps beaucoup occupée de théâtre, et plusieurs de ses pièces, soit à l'Opéra-Comique, soit au Théâtre-Français, furent représentées avec un certain succès... Madame Gay jouait elle-même très bien la comédie en société ; elle aimait à la diriger ; elle était un régisseur excellent.
Charles-Augustin Sainte-Beuve, écrivain, critique littéraire
Nouvelle galerie de femmes célèbres, 1865
Ce don musical, si rare parmi les nature littéraires, ordinairement rebelles à l'harmonie, avait attiré et groupé autour d'elle une pléiade de compositeurs, sûrs d'être appréciés, compris, exécutés avec un sentiment profond, un art exquis.
Théophile Gautier, poète, écrivain, critique d'art
Madame Sophie Gay. La presse, 15 mai 1852