en 3 points...
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Je m’intéresse à l'économie politique, l'anthropologie, la biologie, la philosophie
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Je fais la première traduction de « L'origine des espèces » de Charles Darwin en 1862, et j'en discute les thèses
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Féministe, je milite pour l'instruction des femmes et collabore régulièrement au journal La Fronde
Oui, je crois à la révélation, mais à une révélation permanente de l'homme à lui-même et par lui-même, à une révélation rationnelle qui n'est que la résultante des progrès de la science et de la conscience contemporaines, à une révélation toujours partielle et relative qui s'effectue par l'acquisition de vérités nouvelles, et plus encore par l'élimination d'anciennes erreurs. Il faut même avouer que le progrès de la vérité nous donne autant à oublier qu'à apprendre, et nous apprend à nier et à douter aussi souvent qu'à affirmer.
Préface à L'origine des espèces, 1862
La doctrine de M. Darwin c'est la révélation rationnelle du progrès, dans son antagonisme logique avec la révélation irrationnelle de la chute. Ce sont deux principes, deux religions en lutte, une thèse et une antithèse dont je défie tout Allemand de trouver la synthèse. C'est un oui et un non bien catégoriques entre lesquels il faut choisir, et quiconque se déclare pour l'un est contre l'autre. Pour moi mon choix est fait. Je crois au progrès.
Préface à L'origine des espèces, 1862
Tant que la science demeura aussi exclusivement entre les mains des hommes, elle ne descendra jamais dans les profondeurs de la famille et de la société...
Que les femmes s'emparent de la science, au contraire, et bientôt elles la rayonneront autour d'elles...
On ne trouve point étrange que des femmes prennent part aux chasses royales. On ne juge point que leur sensibilité doive être blessée de poursuivre la biche qui tremble, le cerf aux abois qui pleure devant la meute. Pourquoi donc, bien plus encore, seraient-elles exclues de la chasse à courre à la vérité ?...
Pourquoi ferait-on de la philosophie le domaine exclusif de l'homme ? Je ne saurais trouver à cela de raison. Nous serait-il interdit d'aimer la science, le vrai, la sagesse, le bien ? Et comment donc aimer ce que l'on nous défendrait de connaître...
Leur esprit (des hommes), si prudent qu'il soit dans ses jugements, est cependant bien loin de cette sorte d'infaillibilité à laquelle ils semblent prétendre et cette suprématie de raison qu'ils s'arrogent sur nous est plus affirmée que prouvée.Introduction à la philosophie des femmes, 1859
Elle était fameuse dans le monde des savants du monde entier, des anthropologues, des scientifiques, des philosophes... Elle apparaît comme une figure originale, une personnalité qui veut s'affirmer seule, diffuser son savoir, et obtenir la reconnaissance du monde des savants par ses mérites. Faire fortune ne l'intéresse guère, les mondanités lui sont étrangères, elle ne considère la politique que sous l'angle de la liberté qu'elle procure et garantit, pour mener la vie qu'elle choisit. C'est une femme libre. Un cas presque unique au 19ème siècle.
Clémence Royer l'intrépide. La plus savante des savants.
Aline Demars, docteur ès lettres. L'Harmattan, 2005.
Savante, philosophe, économiste, écrivain de talent, son activité dévorante s'attaqua aux problèmes les plus ardus et s'y révéla un penseur d'une puissante originalité.
Clémence Royer. Savante et penseur éminent (1830-1902)
Mme Avril de Sainte-Croix, écrivaine, journaliste, féministe. La Française, 28 juin 1930.
Quand on songe que depuis que le monde est monde, la femme a toujours été plongée dans l'asservissement le plus complet ; que l'autorité de l'homme a toujours pesé lourdement sur elle ; qu'elle n'a été entourée que d'ignorance, de superstitions et de ténèbres ; qu'aucune institution n'a été créée pour son développement, on est surpris en voyant, en admirant des Maria Desraimes, Clémence Royer, des Mme Gagneur, - j'en passe -, et l'on est convaincu que les facultés intellectuelles de la femme, doivent être bien puissantes pour avoir pu résister à un tel régime, et l'on se demande bien bas, si le jour où le développement sera identique, de quel côté sera la supériorité.
Les femmes et la révolution.
Louise de Lasserre, écrivaine, journaliste. La Citoyenne, 22 mai 1881