Au 19ème siècle, « l’idéologie des sphères séparées réserve plus que jamais aux hommes le domaine du public, de la création et des choses de l’esprit, aux femmes celui du privé, de la reproduction et des choses du coeur. C’est dans ce contexte que la nouvelle invention (la photographie) est officiellement proclamée en 1839. » (Qui a peur des femmes photographes ? 1839 à 1919)
En 1839, le daguerréotype est commercialisé, des ateliers ouvrent proposant essentiellement des portraits mais aussi des vues de paysages.
Mais la photographie reprend à ses débuts la division entre les tâches réservées à chaque sexe, correspondant à ce qui est vu comme « l’ordre naturel » des choses : aux hommes revient la création et la maîtrise de la technique, tandis que les femmes sont cantonnées aux travaux de « petites mains », travaux de laboratoire, préparation des plaques, développement des clichés...
Malgré tout, les premières femmes daguerréotypistes apparaissent dans les annuaires commerciaux telles Madame Gelot-Sandoz et Amélie Guillot-Saguez, en 1844.
Mais, la première femme française photographe professionnelle est Madame Vaudé-Green qui s'est spécialisée dans la photographie catholique en reproduisant des chefs d’œuvres de l'art religieux à partir des années 1850. Si elle est acceptée c'est parce qu'elle ne dérange pas la conception traditionnelle de la féminité.
Les procédés photographiques s'améliorent et se simplifient mais les femmes n'y ont toujours qu'un accès restreint.
En 1854 est crée la société française de photographie qui n'y admet qu'une femme en 1857, Madame Breton, suivie en 1864 par Louise Laffon.
Plusieurs années plus tard, la misogynie est toujours fortement ancrée, surtout en France, ce qui fait dire en 1896 à Louis Gastine, journaliste au Moniteur des arts : « La photographie professionnelle est plutôt une occupation d'homme qu'un travail de femme ».
Si le 20ème siècle voit de plus en plus de femmes se consacrer à la photographie, et quelques unes avoir de la renommée, dans l'ensemble des ouvrages consacrés à la photographie, très peu de femmes y trouvent place.
Il faut attendre l'exposition au Musée d'Orsay et Musée de l'Orangerie « Qui a peur des femmes photographes ? » d'octobre 2015 à janvier 2016 pour que de nombreuses femmes photographes soient sorties de l'oubli.