A l'origine du théâtre, les grecs et le dithyrambe, hymne religieux chanté uniquement par des hommes, accompagné de musique et de danse, le plus souvent en l'honneur de Dionysos. Après que Thespis (poète tragique de l'Attique, VIè siècle av. J.C.) a l'idée d'introduire un acteur pour dialoguer avec le choeur, le théâtre devient un genre littéraire. La plus ancienne tragédie qui nous soit parvenue est une pièce d'Eschyle, Les Perses (472 av. J.-C.), la première comédie Les Nuées, d'Aristophane (v. 427 av. J.-C.).
Mais au début du christianisme, et surtout en France, le théâtre est qualifié de démoniaque et les acteurs excommuniés.
Au Xème siècle, l'abbesse germanique Hrotsvita de Gandersheim écrit des drames chrétiens, considérés comme les premières œuvres du théâtre médiéval, et les seules du Haut Moyen-âge.
Au XIIIè siècle, le théâtre prend son essor, avec des troupes itinérantes qui jouent sur les places publiques. Et aux siècles suivants, de nouveaux genres apparaissent, entre autres des farces, des mystères qui mettent en scène essentiellement la passion ou la vie des saints.
A la Renaissance, un théâtre nouveau apparaît, renouant avec l'Antiquité, notamment les pièces de Térence (poète latin du IIè av J.C). Et au XVIè siècle émergent les premières dramaturges, telle Marguerite de Navarre, sœur aînée de François 1er, qui est la première française à écrire des pièces et à les publier. Avec ses onze pièces, elle est aussi la dramaturge la plus prolifique de son temps.
Sous le règne de Louis XIV, le théâtre est hautement valorisé, ce qui permet à beaucoup de femmes d'accéder à l'écriture dramatique. Mais elle ne représente malgré tout que 4% des auteurs. Il faut dire qu'elles rencontrent de nombreux obstacles : non accès à l'enseignement, interdiction de s'exposer ou de prendre la parole en public, difficulté économique de faire carrière, et comme pour les autres arts, la misogynie qui veut qu'elles soient incapables de création.
En France, Madame de Saint-Baslemont est la première femme a publié une tragédie Les jumeaux martyrs en 1650. Françoise Pascal, autrice de six pièces, est la première femme à être jouée par une troupe professionnelle.
Si les femmes autrices de théâtre sont répertoriées dans les premiers recueils d'histoire du théâtre, telles la Bibliothèque des théâtres de Maupoint et Beauchamps, en 1733, ou les Recherches sur les théâtres de France de Pierre François Godar de Beauchamps en 1735, elles finissent petit à petit par disparaître dans les dictionnaires des siècles suivants, comme c'est le cas pour le Dictionnaire encyclopédique du Théâtre édité par Michel Corvin en 1991 où aucune dramaturge de l'Ancien Régime n'est mentionnée.
« Nous pouvons avancer qu’un des freins à la visibilité des dramaturges contemporaines tient aussi à cette absence d’héritage, à une histoire qui est celle d’une disparition, empêchant une certaine légitimité sociale et psychique face à l’acte d’écriture dramatique et à sa revendication ». (Aurore Evain, Les autrices de théâtre et leurs œuvres dans les dictionnaires dramatiques du XVIIIe siècle, 2003).
Aujourd'hui, les chiffres de la SACD montrent que le chemin à parcourir est encore long pour que les femmes soient enfin reconnues et aient leur place dans le théâtre : 21% d'autrices, 27% de metteuses en scène, alors que les femmes représentantes 52% des étudiant.e.s en spectacle vivant. Une seule femme, Muriel Mayette-Holtz, a dirigé un théâtre national, la Comédie-Française, de 2006 à 2014.