Les femmes dans les sciences

Dans le domaine des sciences, la misogynie envers les femmes remonte très loin. Aristote disait de la femme qu'elle était « une ébauche d'homme dont le développement n'atteindra jamais la perfection masculine ». La doctrine hippocratique des humeurs qui traverse l'Antiquité jusqu'aux Lumières considère que la nature humide de la femme ne convient pas aux activités intellectuelles. Platon, au contraire, enseignait que l'esprit des femmes est essentiellement le même que celui des hommes, et que femmes et hommes devraient recevoir la même éducation. Et si l'école pythagorienne admettait les femmes, les siècles qui suivirent les laissèrent à l'écart de tout enseignement, l’Église ayant joué un grand rôle dans cet évincement considérant que de par leur nature les femmes ne sont pas faites pour les sciences.

Si l'Académie du Palais, établie en 1570, où l'on parle philosophie, musique, mathématiques, sciences physiques, géographie, admet des femmes, lors de la création de l'Académie française en 1635, celles-ci en sont exclues.
Il faut attendre Descartes qui, en reconnaissant aux femmes des capacités intellectuelles égales à celles des hommes, rompt avec un millénaire de philosophie misogyne, ce qui fera dire à Mme de Genlis « Il fut la première personne à défendre les femmes contre les plus barbares opinions des hommes ».
Toute une société féminine se passionne alors pour les sciences. Les femmes peuvent suivre des cours, comme ceux de Buffon, assister à des conférences et des expériences publiques, comme celles de l'abbé Nollet, lire Fontenelle, s'intéresser à l'astronomie. Des femmes, comme Marguerite de la Sablière, Mme Lambert, Mme de Tencin ou encore Mme Geoffrin, tiennent des salons scientifiques. L'Académie refuse pourtant Emilie du Châtelet (1706-1749).

Mais cela ne va pas durer. L'Académie des sciences est mise à rude épreuve par la Révolution et dissoute en 1793. Puis, en 1795, est mis en place un Institut national des sciences et des arts où les femmes ne sont pas admises. Sous l'Empire, aucune femme ne trouve sa place dans la communauté scientifique, à l'exception de Sophie Germain qui reçoit un prix de l'Institut pour ses travaux sur la théorie mathématique des vibrations des surfaces élastiques et qui est admise en son sein.

Mais l'Académie refuse Marie Curie, malgré son prix nobel de physique en 1903.
Et La première femme élue fut Yvonne Choquet-Bruhat en 1979, mathématicienne et physicienne, connue pour avoir apporté la première preuve mathématique de l'existence de solutions aux équations d'Einstein.

Par ailleurs, il faut attendre 1868 pour que l'école de médecine s'ouvre aux femmes, 1924 pour que le bac soit identique pour les femmes et les hommes, et 1972 pour que les femmes puissent entrer à l'école polytechnique.

Aujourd'hui encore, les préjugés perdurent, les stéréotypes persistent, et les filles continuent de moins emprunter les filières scientifiques que les garçons, le manque de figures féminines auxquelles s'identifier constituant un des obstacles au moment de choisir leur orientation.


Et en 2016, l'Académie des sciences ne compte que 28 membres féminins pour 263 hommes.

En 2019, elles sont 32 femmes pour 268 hommes.

champs :