Naissance d'une vocation
Je suis née Gebelin. Mon père est charron, artisan spécialiste du bois et du métal. Il travaille à l'hôpital de Nîmes et dès l'âge de 8 ans je l'accompagne. Pendant qu'il fabrique, entretient, répare, je fais la visite des malades avec une infirmière. C'est de là qu'est née ma vocation. À 12 ans, ma famille s'installe à Paris et à 15 ans, je me marie avec Adrien-Stéphane Brès, conducteur d'omnibus.
Devenir médecin
J'ai trois enfants quand mon mari me quitte. Je dois alors subvenir seule à nos besoins, je décide de devenir médecin.
En 1866, je fais une demande auprès de Charles Wurtz, doyen de l'école de médecine et partisan de l'admission des femmes à la Faculté. Il est favorable à mon inscription mais je dois d'abord passer le baccalauréat, diplôme obtenu pour la première fois par une femme, Julie Daubié en 1861.
Je dois aussi obtenir l'autorisation de mon mari, les femmes mariées étant jugées irresponsables par le droit français de l'époque.
En fait, je dois passer deux baccalauréats, lettres et sciences. Je les prépare en autodidacte, aucun établissement féminin n'y préparant, même les lycées de jeunes filles, et ce jusqu'en 1924.
Mon inscription en médecine et accepter en 1868, le ministre de l'instruction publique Victor Duruy est favorable à l'éducation des jeunes filles et le Conseil des ministres ce jour-là est présidée par l'impératrice Eugénie.
Je suis la première française à être admise.
Bien qu'interne dans le service du professeur Broca durant les deux sièges de Paris (guerre franco-prussienne), ma demande, en 1871, à présenter le concours de l'externat m'est refusée, malgré des pétitions et des manifestations en ma faveur. Il ne sera ouvert aux femmes qu'en 1882 et celui de l'internat en 1885.
En 1875, je présente ma thèse La mamelle et l'allaitement après avoir passé 4 ans chez le chimiste Edmond Frémy au Muséum d'histoire naturelle et 3 ans dans le laboratoire de chimie médicale de Charles Wurtz. Dans ma thèse, je montre que la composition chimique du lait maternel se modifie au cours de l'allaitement pour correspondre aux besoins du développement de l'enfant.
Je reçois la mention extrêmement bien et deviens ainsi la première française docteur en médecine.
Ma carrière
Je m'installe dans le 8e arrondissement de Paris et reçoit à mon cabinet une clientèle bourgeoise. Je me suis spécialisée dans la relation entre les femmes et les enfants, notamment dans l'hygiène des jeunes enfants.
En 1885, je fonde une crèche, rue Nollet dans le 17e arrondissement de Paris. Les enfants y sont accueillis gratuitement jusqu'à l'âge de 3 ans.
En 1891, je suis chargée par le ministre de l'Intérieur d'une mission en Suisse, étudier le fonctionnement et l'organisation des crèches et établissements destiné à l'enfance.
Je fais des conférences auprès des directrices d'écoles maternelles et publie de nombreuses ouvrages de puériculture.
En 1898, Paris compte 77 femmes médecins.