Germaine Dieterlen | biographie

Germaine Dieterlen

Ethnologue, cinéaste

Je suis née Germaine Teissier du Cros dans une famille protestante cévenole. J'arrête très tôt mes études, c'est l'époque qui veut ça pour une fille.
Je découvre l'ethnologie en travaillant au musée d'ethnographie du Trocadéro comme collaboratrice bénévole de Georges Henri Rivière chargé de concevoir ce qui deviendra le musée de l'Homme, inauguré en 1937. Je rencontre alors Marcel Griaule en pleine préparation de la mission Dakar-Djibouti qui débute en 1931. Et c'est en suivant l'enseignement de Marcel Mauss que je me découvre une vocation scientifique.
Je décide alors de passer le baccalauréat, j'ai trente ans et suis déjà mariée.

Mes travaux ethnographiques

Je commence en travaillant à des études descriptives d'objets rapportés des premières missions de Griaule. Puis je participe à la mission de 1936-1937, Sahara-Cameroun, et de 1938-939, Niger-Lac Iro. C'est lors de cette dernière que je mène mes premières enquêtes sur les Dogon et je publie en 1941 Les âmes des Dogons.

Après la guerre, j'entre au CNRS et retourne chaque année chez les Dogon de Sanga ainsi que chez les Bambara de Ségou auxquels je consacre ma thèse de doctorat d’État Essai sur la religion bambara, soutenue en 1948.
Ma vie scientifique se partage entre l'étude d'objets concrets, parmi lesquels des instruments de musique, et celle d'objets abstraits, ensembles de représentations symboliques.
Je publie le fruit de mes recherches dans plusieurs ouvrages dont : Essai sur la religion des Bambara, Le Renard pâle, Les Dogon : Notion de personne et mythe de la création.

Je deviens directrice de recherches au CNRS, directrice d'études en sciences religieuses de l’École Pratique des Hautes Études, directrice du laboratoire système de pensée en Afrique noire, secrétaire générale de la société des africanistes. Ainsi dans les années 60, j'occupe une place de tout premier plan dans ma discipline.
En 1977, je reçois de la société de géographie de Paris la grande médaille d'or des explorations.

Mes travaux cinématographiques

De 1967 à 1974, je co-réalise avec Jean Rouch sept films chez les Dogon sur les cérémonies du sigui, l'invention de la parole et de la mort. C'est un grand rite qui a lieu tous les 60 ans et qui dure sept années consécutives, un cortège de masques qui change de village chaque année.
A cette occasion, j'ai été nommée par le peuple Dogon, Yassiguiné, sœur des masques, symbole de la première femme qui a participé au premier sigui.
Présidente du Comité du film ethnographique, je suis une référence majeure sur le terrain de l'anthropologie visuelle

Ma vie parisienne

Quand je ne suis pas en Afrique, je reçois beaucoup dans mon appartement de la rue Bellechasse, dans le 7ème arrondissement. J'organise des diners avec des africanistes du monde entier, je loge quantité d'amis, européens ou africains, notamment mes fidèles informateurs.
Je m'emploie aussi à promouvoir la carrière de jeunes pianistes, mettant à leur disposition mon piano Steinway et les produisant lors de soirées organisées chez moi ou chez des amis. « Sous des dehors à la fois enjoués et constamment occupés de quelque chose, elle était extrêmement attentionnée, sensible, réceptive, attentive aux autres. (Gilbert Rouget. In memoriam Germaine Dieterlen. Journal des Africanistes, 71, 2001.

En 2004, à l'initiative de Jean Rouch, des funérailles Dogon sont célébrées à ma mémoire dans la falaise de Bandigan au Mali.