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Au début du 19ème siècle, je suis un des premiers écrivains français
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Je considère que l'écrivain a une fonction sociale et politique
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A cause de mes positions politiques, Napoléon me chasse de Paris en 1803 et de France en 1810
Plusieurs écrivains célèbres ont mis dans leur premier ouvrage le germe de tous les autres. On commence par penser sur tout, on parcourt tous les objets : avant de suivre une route : dans la jeunesse les idées viennent en foule : on a peut-être dès lors toutes celles qu'on aura ; mais elles sont encore confuses ; on les met en ordre ensuite, et leur nombre augmente aux yeux des autres, on les domine, on les soumet à la raison, et leur puissance devient en effet plus grande.
Lettres sur les écrits de J.J. Rouseau, 1788
Dans les monarchies, elles (les femmes) ont à craindre le ridicule, et dans les républiques la haine.
De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales. Tome 1, p 143, 1800
Éclairer, instruire, perfectionner les femmes comme les hommes, les nations comme les individus, c'est encore le meilleur secret pour tous les buts raisonnables, pour toutes les relations sociales et politiques, auxquelles on doit assurer un fondement durable... Examiner l'ordre social, et vous verrez bientôt qu'il est tout entier armé contre une femme qui veut s'élever à la hauteur de la réputation des hommes.
De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales. Tome 2, page 152-153, 1800
Les partisans de l'esclavage dans les colonies ont souvent dit qu'un paysan de France était plus malheureux qu'un nègre. C'était un argument pour soulager les Blancs, mais non pour s'endurcir contre les Noirs. La misère accroît l'ignorance, l'ignorance accroît la misère ; et, quand on se demande pourquoi le peuple français a été si cruel pendant la Révolution, on ne peut en trouver la cause que dans l'absence du bonheur qui conduit à l'absence de moralité.
Considérations sur les principaux événements de la Révolution française. Tome 1, p 79, 1818 (ouvrage posthume)
Mme de Staël. Conférence du lundi 8 octobre 2007
avec Martine Reid, professeure de littérature, spécialiste de la littérature française du 19ème siècle et Sabine Haudepin, comédienne
©gallica.bnf.fr
Considérations sur la Révolution française est le premier grand livre embrassant la période pré-révolutionnaire jusqu'au début de la seconde Restauration. Il fera grand bruit en 1818 lors de sa publication posthume.
Simone Balayé, chercheuse
Madame de Staël. Femmes et Histoire, Editions Martinsart, 1980
C'était la destinée de Mme de Staël que d'agiter des idées et des passions, par ses œuvres à la fois optimistes et profondément tragiques, oeuvres d'espérance d'un être profondément désespéré. Pour se protéger, il lui fallut défendre de courageuses pensées, contribuer par l'étude et la méditation au bonheur des humains, à l'édification d'un monde nouveau, plus harmonieux que l'ancien. L'humanité ne meurt pas, elle avance irrésistiblement. Son romantisme ne fut jamais celui des exclus, des nostalgiques. C'est la leçon qu'elle transmit à la génération qui la suivait.
Simone Balayé, chercheuse
Madame de Staël. Femmes et Histoire, Editions Martinsart, 1980
Nulle part au monde je n'ai trouvé une telle universalité et profondeur d'âme avec tant de facilité, adresse, de gentillesse et de grâce dans la conversation.
Lettre de Friedrich von Gentz
Maria Ullrichova : Madame de Staël et Frédéric Gentz, 2e colloque de Coppet, 1974
Savez-vous pourquoi il n'y avait personne avant-hier, ni hier aux spectacles ; pourquoi, aujourd'hui dimanche, il y aura très peu de monde à la messe ; pourquoi les fiacres se plaignent de n'avoir rien à faire depuis deux jours ; pourquoi presque toutes les voitures sont restées sous la remise ; pourquoi enfin il y a moins, sensiblement moins, de mouvement à Paris depuis dimanche ? C'est que tu Paris est renfermé pour lire le nouveau roman de Madame de Staël. La préface a seule trois jours d'attention et d'étude. Le reste est plus coulant. Dans quelques jours on ne parlera, on n'écrira, on ne lira que pour, sur et contre le livre de Madame de Staël.
Pierre-Louis Roederer, avocat et homme politique
A propos du roman Delphine. Journal de Paris, 19 décembre 1802